L'auteur de ce site, né en Auvergne, souhaite partager son intérêt pour sa région avec les amateurs de nature, de grands espaces et de sérénité. Il vous propose la visite de cette entité administrative, géographique et historique.
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La centrale hydroélectrique d'Auzerette sur la commune de Trémouille (15), concession de E.D.F., fonctionne grâce à l'eau accumulée par la retenue de Lastioulles elle-même alimentée par la dérivation de plusieurs cours d'eau :
1) dérivation de presque tout le débit de la rivière Tarentaine au barrage de Brimessanges (commune de St Donat 63) qui, par une galerie souterraine, est dirigé dans la rivière Eau Verte.
2) dérivation de presque tout le débit de la rivière Eau Verte (+ l'arrivée de l'eau de la Tarentaine) au barrage de La Banut (15) qui, par une galerie souterraine, est dirigé dans le lac du Tact (15), ancienne tourbière devant servir de bassin de décantation (aujourd'hui ce "réservoir" est saturé, il est aux 9/10ème comblé par l'apport de matières organiques et minérales, de plus le transit des eaux de dérivation, depuis près de 40 ans, a engendré la remontée des fonds tourbeux en surface ce qui accentue la dégradation du milieu aquatique et le transforme en marécage). Ce "réservoir" aurait dû être entretenu régulièrement par l'exploitant (jusque là E.D.F.), ce qui n'a pas été le cas et ce fait est à l'origine, en grande partie, de la dégradation du lac naturel de La Crégut ! Cette tourbière était, à l'origine, traversée par un petit ruisseau, le Tact, renommé pour ses truites sauvages (fario), ses vairons et ses goujons !
3) dérivation de presque tout le débit du réservoir du Tact qui, par une galerie souterraine, est dirigé dans le lac naturel de La Crégut, joyau de la nature, à l'origine fermé (étant alimenté uniquement par des sources sous-lacustres et quelques ruissellements forestiers très limités). Ce lac naturel reçoit depuis près de 40 ans une très grande part des boues et sédiments provenant du réservoir du Tact. D'une superficie de 36 hectares et d'une profondeur maximale de 26 mètres (avant le transit artificiel des eaux), le lac de La Crégut sert depuis des années de bassin de décantation en lieu et place de celui du Tact !
Il se comble, s'envase et se meurt !
Voir l'article : Lac naturel de la Crégut
Voir aussi le site de l'association de sauvegarde du lac de La Crégut : http://www.lacdelacregut.fr/
4) Tout le transit artificiel des eaux traversant le lac de La Crégut est dirigé, au moyen d'un déversoir, dans l'étang voisin de La Crégut qui lui aussi sert de bassin de décantation. Ce bel étang reçoit en plus les eaux dérivées d'une autre ligne de captation de rivières ! voir paragraphes 5) et 6).
5) L'étang de La Crégut reçoit, par une galerie souterraine, presque tout le débit de la retenue du Taurons, barrage sur le ruisseau Taurons, sur la commune de Trémouille (15) tout près de La Crégut. Cette retenue assez profonde sert aussi de bassin de décantation des eaux provenant d'un autre barrage en amont.
6) Le ruisseau Taurons alimente naturellement mais aussi artificiellement la retenue qui porte son nom. En effet, ce ruisseau reçoit, par une galerie souterraine, presque tout le débit de la retenue du Gabacut, barrage sur le ruisseau du même nom qui rejoint la rivière Grande Rhue plus bas dans la vallée près de la centrale hydroélectrique de Coindre sur la commune de Saint-Amandin (15). La retenue du Gabacut est partagée, presque par le milieu, entre les départements du Puy-de-Dôme et du Cantal.
7) Toutes les eaux de ces deux lignes de captations se rejoignent dans l'étang de La Crégut !
Celles-ci sont dirigées, au moyen d'un déversoir, dans un autre étang voisin situé en tête de la retenue de Lastioulles sur la commune de Trémouille (15). Cet étang dit de Lastioulles comporte un déversoir pour évacuer le trop plein en cas de crue par un long canal qui se jette dans le ruisseau le Taurons. Il sert aussi de bassin de décantation qui n'a jamais été entretenu au point qu'il est quasiment comblé, envahi de vase et de roseaux.
8) Les eaux qui transitent par cet étang sont dirigées, au moyen d'un déversoir muni d'une vanne, dans la retenue de Lastioulles le plus vaste plan d'eau (125 hectares) de ce complexe hydraulique.
Cette vaste étendue découpée par des collines verdoyantes constitue un cadre sublime et fait le bonheur des pêcheurs et des estivants. Une plage, un centre nautique et un centre de pêche permettent d'en profiter largement.
Pour préserver ce site enchanteur et pour que le développement touristique soit durable, il est bien temps de s'occuper d'enrayer les dégradations provoquées par les installations hydrauliques en amont !
Les masses d'eau accumulées dans cette retenue servent à alimenter les centrales hydroélectriques selon les besoins. L'eau est conduite à la centrale d'Auzerette (commune de Trémouille) par une galerie souterraine de plusieurs kilomètres équipée d'une cheminée d'équilibre (entre l'air et l'eau pour éviter les "coups de bélier") d'un diamètre et d'une hauteur rappelant les plus grandes cheminées d'usine (hauteur 75,50 mètres dont 32,00 mètres hors sol, diamètre 6,70 mètres). La dénivellation entre la prise d'eau à la retenue de Lastioulles et les turbines de la centrale d'Auzerette est d'environ 280 mètres !
9) L'eau turbinée dans la centrale d'Auzerette est restituée dans la rivière Rhue à quelques dizaines de mètres en amont du barrage de Vaussaire (15). C'est donc dans la retenue de ce barrage que l'eau de Lastioulles arrive. Le barrage de Vaussaire ne possède pas, à proximité, de centrale hydroélectrique. Mais c'est un réservoir important des eaux de la Rhue et de celles provenant de Lastioulles.
La retenue du barrage de Vaussaire se situe sur la commune de Saint-Etienne-de-Chomeil sur la rive gauche et sur celles de Champs-sur-Tarentaine et de Trémouille sur la rive droite.
10) Mais que devient toute cette eau si il n'y a pas de centrale (à proximité) ?
C'est simple ! Une galerie souterraine de 12 kilomètres environ, à travers la montagne, et d'un gabarit important (quand elle est mise à sec pour les contrôles, les agents y circule en Jeep !!!) conduit les eaux jusqu'à la centrale hydroélectrique de la Rhue située au dessus de la crête du barrage de Bort-les-Orgues (côté Cantal sur la commune de Lanobre).
Pour ajouter à l'intérêt d'une telle réalisation, précisons que cette imposante galerie sort de terre dans une vallée pour franchir, en aérien, le lit de la rivière Tarentaine !
A noter : par cette galerie arrivent les eaux dérivées de cette même Tarentaine qui passent juste au-dessus de celles qui ont suivi le cours de la rivière !!!
Puis la galerie repart à travers la montagne... Encore une chose : lorsque la galerie ressort de terre à moins d'un kilomètre du barrage de Bort-les-Orgues, elle est plus élevée que la crête du barrage et en dessous se trouve grand vallon, comment faire pour arriver à l'endroit choisi ?
Bien sûr on pense tout d'abord à construire la centrale au pied de la montagne d'où sort la galerie puis l'eau turbinée rejoindrait la rivière Dordogne qui coule en bas.
Bien vu! Mais dans ce cas pourquoi avoir amené l'eau si loin du barrage de Vaussaire ? Pourquoi avoir fait ces travaux titanesques?
Il aurait suffit de construire une centrale en aval du barrage et l'eau turbinée aurait été restituée à la Rhue qui se jette plus loin dans la Dordogne.
Dans ces 2 cas, l'eau de Lastioulles aurait été turbinée 2 fois ce qui aurait été bien mais on peut faire mieux : en construisant la centrale de la Rhue au dessus du barrage de Bort, l'eau turbinée est ensuite rejetée dans la retenue du barrage de Bort et, donc, turbinée une 3ème fois par la centrale propre au barrage de Bort qui se situe à son pied. C'est fort n'est-ce pas ?
A noter : à quelques kilomètres en amont du barrage de Vaussaire et de la centrale d'Auzerette, se trouve la centrale hydroélectrique de Coindre (voir l'article : "Centrale hydroélectrique de Coindre" dans la catégorie "Energie hydraulique") qui turbine les eaux d'une autre ligne de captation : celles de la Grande Rhue et celles de la Petite Rhue qui se rejoignent, juste au pied de cette centrale, pour former la Rhue (tout court).
Ainsi les eaux des 2 Rhue en arrivant dans la Dordogne en passant par la dérivation de Vaussaire, la centrale de la Rhue et celle du barrage de Bort ont été turbinées 3 fois aussi !
Mais revenons à nos moutons : la galerie souterraine qui sort de la montagne en face du barrage de Bort et qui surplombe un grand vallon, comment faire pour arriver à l'endroit choisi ?
On aurait pu faire un aqueduc gigantesque plus grand, plus haut que le Pont du Gard.
Non ! Les ingénieurs des temps modernes sont au moins aussi doués que leurs prédécesseurs et ont à leur disposition des matériaux et des matériels nouveaux.
Ils ont choisi de construire un "tube" énorme de 4 mètres de diamètre qui suit la courbe du vallon tant à la descente qu'à la remontée. Comme l'arrivée à la centrale de la Rhue est à une altitude un peu inférieure à celle de la sortie de la galerie l'eau arrive à la centrale de la Rhue par gravitation. C'est le principe du siphon : tant que l'eau arrive au point le plus haut, l'eau s'écoule à l'extrémité qui est moins élevée.
Conclusion : l'énergie hydraulique (la puissance engendrée par l'écoulement de l'eau) est renouvelable tant qu'il y aura suffisamment de pluie et de neige. De plus, elle peut être mise en oeuvre autant de fois qu'il est possible de le faire. Sur le cours de la rivière Dordogne, après le barrage hydroélectrique de Bort-les-Orgues, il y a ceux de Marèges, de l'Aigle, du Chastang et d'autres encore.
André CHABAUD